Jean-Luc HERMAN : Les Placards-écritures

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japonais

 

texte de Ban'ya Natshuishi

 




   Chute-du-vrai-dieu
   c’est le nom de la falaise
   rougie par les herbes folles

 

     Ban’ya Natshuishi
     Traduit du japonais par l’auteur




Russe

texte de Tolsky

Vous demandez :”Pourquoi le monde ?”
Pourquoi un bout de chez soi ou d’ailleurs,
cela ne…suffisait-il pas ?
Mais POUR LES POETES LE MONDE
c’est” UN BOUT DE CHEZ SOI” !
Le monde appartient aux poètes
car eux seuls savent que la vie est poésie !
La vie au monde est défendue par deux sortes d’hommes ;
et ils n’ont pas le droit
ni à la lâcheté, ni aux compromissions.
Ce sont les guerriers et les poètes !
Les guerriers protègent le monde des hommes,
chanté par les poètes.
Et si les guerriers reculent devant leur peur,
l’or ou la fourberie, alors ce sont de mauvais guerriers.
Si les poètes reculent devant leur faiblesse d’âme,
le pouvoir ou l’argent, ce ne sont presque plus des poètes…
Car après avoir reculé, comme les mauvais guerriers,
ils ne pourront plus servir honnêtement leur peuple,
ils n’auront plus sa confiance.
Au travers de ce texte, je propose la fondation
de la Ligue Mondiale pour le Combat et la Résistance
Contre la lâcheté, la bassesse, la vilenie, la trahison et
la traîtrise (LMCRClbvtt).
Tout le monde pourra devenir membre de cette Ligue,
les GUERRIERS - POETES et les POETES - GUERRIERS,
et aussi tous ceux qui sont prêts à se sacrifier pour les idéaux.
Paris 30 mars 1997
Tolsty
Traduit du russe par Liudmila Kotliarov




Ethiopien

proverbes



     N’attrapez pas la queue d’un léopard
     et si vous l’attrapez ne la lâchez pas.


     Celui qui a été envoyé par une femme
     n’a pas peur de la mort.


     Si le sage se tait
     on le prend pour un imbécile.


Proverbes traduits de l’éthiopien par Makonnen




Géorgien

texte de Dato Magradzé

            

           La Pluie


Et la chaude pluie,-
Le charme de la bien-aimée
S’en ira, laissant un parfum de terre,
Le marais desséché
Oubliera la cascade de rires de l’amour.

…Et à nouveau reviendra la pluie enchanteresse,
Caracolant sur le cœur comme un poulain,
Elle s’en ira, telle la femme, et comme par avant,
Son rire étincellera dans la rue d’un autre

Et une âpre bouffée de solitude
Montera au plafond, chancelante, telle un homme ivre,
Le clair de lune du balcon et le poème d’amour,
Feront place à la pensée et à l’humidité.

La salle vide et éteinte…
Le motif ancien de la nappe dégarnie…
Te tendront la main comme le fait un bon copain
Telle une nature morte de Varazi.


Dato Magradzé
Traduit du géorgien par Nino Kalatozichvili

Mathématique

texte de Laurent Siebenmann

 

Les graphiques de Cerf

  
Cette planche illustre l’exploitation de diagrammes bien formalisés en mathématique.
C’est un aspect calligraphique et métaphorique du langage mathématique, allant au-delà de sa typographie classique, elle même langage puissant et flexible. Sur la planche, les graphiques forment un fond pour les formules ; ils ont joué, dans la topologie différentielle du mathématicien français Jean Cerf, un rôle quelque peu semblable aux diagrammes de R. Feynman dans la physique des particules.
   C’est pourtant par analogie avec la notation musicale classique que le profane peut aisément aborder le graphique de Cerf. Ressemblance fondamentale : chacun décrit une activité qui se déroule dans le temps suivant un axe de temps allant de gauche à droite et un axe de hauteur allant de bas en haut. Dans une portée musicale de 5 lignes, chaque ligne reste à la même hauteur.
Par contre, dans un graphique de Cerf, les lignes ont le droit de monter et de descendre (sauf verticalement), et deux d’entre elles peuvent présenter un croisement . Plus surprenant, deux lignes peuvent s’unir en un temps to, s’anéantissant mutuellement pour les temps t > to ; on appelle cela une mort. Symétriquement, deux lignes peuvent surgir ex nihilo en un temps et une hauteur donnés ; on appelle cela une naissance. A la place des notes sur une portée de musique, le graphique de Cerf porte sur chaque ligne un nombre entier ; c’est l’indice de la ligne. En un point de mort ou de naissance, la ligne inférieure ou la ligne supérieure doivent toujours avoir comme indices deux entiers successifs i et i + 1.
   On a ainsi formalisé en termes purement calligraphiques la notion d’un graphique de Cerf. Ces graphiques décrivent des phénomènes de la nature. Considérons la surface ondulante d’un lac (surface supposée toujours lisse partout, et plate au bord du lac). La hauteur de chaque sommet (ponctuel) de vague, suivie dans le temps, trace une ligne d’indice 2 ; celle de chaque creux de vague trace une ligne d’indice 0 ; et celle de chaque col de vague trace une ligne d’indice 1. On constate que l’ensemble de toutes ces lignes constitue un graphique de Cerf - sauf exceptions négligeables en un sens probabiliste.Vers 1970, Jean Cerf a introduit ces graphiques pour démontrer rigoureusement l’existence (parlons en termes physiques) de certains écoulements lisses de liquides en grandes dimensions. Depuis lors, leurs interventions s’alignent, et s’appliquent même à des sujets arithmétiques et quantiques.
Laurent Siebenmann, 1998