Buraida, Arabie Saoudite |
Ernst
Schiedegger expose peu ses photographies.
En 1992, le musée dArt de Zurich lui consacre une rétrospective
et édite un ouvrage reprenant lensemble de ses voyages. Puis
le musée Josef Albers de Bottrop présente un ensemble de ses
photographies. Cest également en 1992, aprés 21 années
passées à faire connaitre le travail de ses amis artites quil
ferme sa Galerie dArt. En 1993, la galerie Maeght de Paris, rue Saint
Merri expose les photographies de Joan Miro. Lexposition est reprise
par la Galerie Maeght de Barcelone. Parution du livre sur la famille Giacometti.
En 1994, plusieurs expositions en Europe (bibliothèque de Bordeaux,
Casa Serodine, Ascona, Wiesbaden, galerie Haasner) Le thème en est
Les Indes et le Pakistan. 1995 voit la sortie du film sur Max Bill. Puis
en 1997 expositions à Marseille et Istres. En 1999, les photographies
de Giacometti sont présenté au musée dArt de
Bologne en Italie avant de venir à Beaucaire.
Depuis, Ernst Sheidegger se consacre plus particulièrement à
lédition, et notament un important ouvrage qui retrace ses
liens avec les artistes quil a cotoyé pendant plus de 50 ans
et qui a été présenté à la foire de Bâle. |
Guerre du Vietnam
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Ermite dans l'Himalaya
Huile, sans titre, 100x100 cm |
Dans
le livre Trace dune amitié, Ernst Scheidegger raconte sa rencontre
avec Alberto Giacometti."En
1943, comme je faisais mon service militaire, on menvoya prendre mes
quartiers à Majola qui se trouve sur un plateau herbeux entre la
haute Engadine et le Val Brégalia, en Suisse. Le village était
alors presque désert. Jappris quAlberto Giacometti y
séjournait, dans la maison dété de ses parents.
Elle nétait pas difficile à trouver
En cherchant
lartiste, je trébuchai sur des pierres peintes et sculptées
qui gisaient par douzaine devant la maison. Jappris plus tard quelles
avaient été ainsi travaillées par Max Ernst, qui avait
passé un moment à Majola en 1935. Je trouvais une femme au
menton fortement dessiné, au visage sévère, encadré
dune épaisse crinière de cheveux blancs : cétait
la mère dAlberto. Elle mindiqua le bâtiment de
bois attenant à la maison, une ancienne étable que son mari,
le peintre Giovanni Giacometti, avait transformé des années
au paravent pour son fils Alberto. La porte était ouverte ; je pénétrai
dans une vaste pièce très claire. Des toiles retournées
face vers la paroi étaient appuyées contre les murs de bois
en partie peints, au-delà des chevalets, des sacs de plâtre,
des statues de plâtre, des caisses et des coffres sur lesquels étaient
posées des têtes de pierre et de plâtre. Au milieu de
la pièce, une longue figure de femme aux bras plaqués contre
le corps se dressait sur un socle parallélépipédique,
lui-même posé sur une plate-forme aux roues de bois tachées
de plâtre. A côté delle, une statue en forme de
pain de sucre, haute denviron deux mètres dominait latelier
: tout en haut, le petit visage gravé en creux, de même que
les mains, sur le côté, en dessous des minuscules seins coniques
; au milieu, un gros creux circulaire ; tout en bas, une inscription au
crayon noir : 1 + 1 = 3.
Cest dans ce cadre singulier quAlberto Giacometti, assis à
une table, sculptait une toute petite figurine avec un vieux canif rouillé
et couvert de plâtre.
Alberto ne fût pas le moins du monde surpris de ma visite. Il me salua
et continua à travailler, pensant que jétais juste un
des soldats cantonnés au village, chargé de quelque mission,
et que je ne faisais que passer. Cest seulement quand il comprit que
jétais venu exprès pour lui quil posa son canif
et que nous commençâmes à nous entretenir. A cette première
conversation succédèrent des visites quotidiennes, qui mouvrirent
un univers inconnu et marquèrent le début dune amitié
qui devait durer jusquà la mort dAlberto.
Le samedi 15 janvier 1966, par un beau jour clair, sec et froid - il faisait
20 degrés en dessous de zéro -, parents, habitants de la vallée
et amis accompagnèrent Giacometti au cimetière. Des gens étaient
venus du monde en tier : Pierre Matisse, Aimé Maeght, Louis Clayeux,
Eberhard Kornfeld, Ernst Beyeler, Gustav Zumsteg, Michel Leiris, Remo Rossi,
Max Bill, Varlin, Beaucoup dautres
La vallée était plongée dans lombre des montagnes,
comme toujours en hiver, cette saison quAlberto aimait tant. Le seul
cheval du Val Bregalia tira le corbillard sur la route verglacée
jusquau cimetière de San Giorgio, prés de Borgonovo.
Aucun de ceux qui étaient là noubliera les discours
que prononcèrent, dans la petite église glacée, sans
chauffage, le représentant du ministre de la Culture français
André Malraux, le conseiller fédéral suisse Hanspeter
Tuschudi, et le premier magistrat de la commune de Stampa, Rudolfo Giacometti.
Ensuite le curé du lieu, natif de Naples, eut enfin loccasion
de sermonner une illustre compagnie dans son italien fleuri. Le cercueil
dAlberto fut descendu dans la terre gelée à quelques
mètres de la tombe de ses parents, couver de fleurs, puis les fossoyeurs
refermèrent la terre sur lui.
Lorsque je retournai au cimetière, le soir, jy retrouvai un
vieil habitant du Val en train de compter les nombreuses couronnes de fleurs
qui achevaient de geler." |