LES OBJETS INANIMES D'ANNE
DELFIEU
"Ecorces", "Réseaux", "Sourires",...
Anne Delfieu avait retenu notre attention il y a deux ans lorsque un
galeriste nous la proposa, elle et son imaginaire tactile et mural qui
sortait des sentiers battus par une grâce indicible mais réelle.
Sans que référence accusée soit faite à
la nature, il était indéniable que ce travail, tout en
délicatesse et finesse, blanc comme neige au vent, avouait par
la bande de solides connivences avec les règnes végétal
et minéral de notre lointain environnement. Pour ces retrouvailles,
attendues, Delfieu n'a pas modifié son registre de base. Elle
oeuvre toujours à base de carton, découpé en lamelles
ou pétrifié par une suite de manipulations, et rehaussé
d'une coloration à la fois pure et quelque peu délavée
par le passage du temps.
Aux reliefs comme des constructions de branchages, donnent aujourd'hui
le change des formes ovales, qu'on pourrait apparenter à quelques
galets de bords de mer. Ce ne sont, bien sûr, là que des
images arbitraires, l'art de Delfieu n'ayantà voir ni avec une
cuisine quelcon-que, ni avec une volonté particulière
de description peu ou prou réaliste.Cet art là ce reçoit,
en effet, pour ce qu'il est d'abord: une recherche poétique et
plastique sur le temps, l'espace, le vide et le plein, la natureet ce
que l'on en fait. Le reste est à l'avenant. Il faut y saisir
la volupté des rondeurs, le plaisir tactile inscrit dans les
jeux de rameaux, les brises marines qui s'y engouffrent par rêves
interposés, les vibrations ensoleillées et la noblesse
d'épures subtilement dressées.